De Marie-Galante à l’île Tristan en passant par Paris

Vous l’avez sûrement croisé en vous promenant le long des quais du port de plaisance de Tréboul.

 

De sa démarche chaloupée au rythme de la béguine et du haut de son mètre 92, Joseph Hircau ne passe pas inaperçu.  Rejoignant tranquillement sa « Louisiane », un joli petit pêche-promenade de 5 mètres de long amarré au ponton F, il vous gratifie au passage de son sourire bienveillant.

 

Cela fait maintenant une vingtaine d’années que Joseph sort régulièrement poser filet et casiers ou dérouler sa ligne de traîne le long des plages. Même si les temps ont bien changé, poissons plats et crevettes se laissent encore prendre aux pièges de cet amoureux de la baie.

 

Avant de devenir une figure incontournable du port de Tréboul et de l’association PTPR (rappelons qu’il en est le vice-président d’honneur), Joseph, né en 1935 (mais on a du mal à le croire), a passé sa jeunesse très loin de l’île Tristan, de l’autre côté de l’Atlantique : à Marie-Galante en Guadeloupe, celle-là même que célèbre avec talent le chanteur Laurent Voulzy.

 

Fils d’un militaire de carrière, aîné d’une fratrie de 8 enfants, il sait ce que le mot discipline veut dire. Cela ne l’a pourtant pas empêché de concrétiser ses rêves d’évasion en quittant, à l’insu de son père et avec la complicité de sa mère, son île natale à l’âge de 17 ans. La majorité était alors encore fixée à 21 ans.

 

Après avoir débarqué à Cannes, il exerce différents métiers avant d’intégrer l’Armée de l’Air. Il n’a pas pu y mener la carrière de pilote qu’il aurait souhaitée mais en est néanmoins sorti au bout de 5 ans avec le grade de sous-officier.

 

 

Charlotte en haute fidélité

 

Sa vie bascule en 1960 lorsqu’il est embauché au « Printemps-Haussmann », célèbre grand magasin parisien. Il démarre en bas de l’échelle comme manutentionnaire et gravit peu à peu les échelons pour devenir conseiller-vente et SAV au rayon hi-fi électronique. C’est d’ailleurs à ce titre qu’il a contribué à l’installation du premier auditorium de la maison Cabasse, fabricant brestois réputé d’enceintes acoustiques.

 

C’est aussi et surtout au « Printemps » qu’il fait la connaissance et tombe sous le charme d’une chef de rayon prénommée Charlotte qui deviendra son épouse et la mère de son fils. Et c’est Charlotte qui lui fait découvrir Douarnenez dont elle est originaire.

 

Jusqu’au départ en retraite de Joseph à l’âge de 60 ans, le couple alternera les voyages entre la Guadeloupe et Douarnenez où il finira par s’installer durablement.

 

Ne pratiquant au début que la pêche à la canne du bord de mer, Joseph n’envisage pas d’acheter un bateau pour pratiquer son loisir favori. D’ailleurs, il a été élevé avec l’idée que la mer, même aussi attirante que celle des Caraïbes, est trop dangereuse pour s’y aventurer. La rencontre fortuite avec un certain Jean-Pierre Ratinet lui fera changer d’avis. Son ami et mentor l’initie à la pêche en mer (départ à 6 heures !) et l’aide à franchir le pas.

 

Joseph intègre l’association de Plaisance-Tréboul en 2001 presque à son corps défendant puisque c’est le président de l’époque, Gaby Le Bot, qui l’y inscrit d’office. Devenu au fil du temps un pilier de l’association, Joseph ne manque jamais de rendre visite à ses collègues de permanence le samedi matin. Toujours d’humeur enjouée, il irradie l’endroit de sa gentillesse par sa simple présence.

 

 

Mais que l’on ne s’y trompe pas ! il sait aussi, à l’occasion, mettre une ambiance de feu lors des veillées en entonnant de sa voix grave quelques chansons créoles aux rythmes suaves et aux paroles « caliente » des Caraïbes... et toujours avec un doux sourire malicieux au coin des lèvres.

 

Pascal juillet 2020